Bouaké : L'ONG Secours Social et ses partenaires multiplient les actions de sensibilisation au sein de diverses associations ethniques et de jeunes, pour l'acceptation des populations clés

SAMIR Ariane Lun 10 Février 2025 societe [601 articles] 216 Vue(s)
Les conférenciers de droite à gauche: M. Lucien Gnizako, debout, président de Secours Social, Maître Soro Zoumana de la LIDHO, le doyen Traoré Lokouo, Meïté Assane du CNDH et Mme Anigoran Eleonore du Centre Social
Depuis le début de l'année 2025, l'ONG Secours Social a entrepris une vaste campagne de sensibilisation et de plaidoyer au sein des communautés ethniques, de différentes associations et organisations de jeunes à Bouaké, en vue de faire connaître les Droits des populations clés. L'objectif de ces rencontres est de contribuer à améliorer les conditions de vie et d’accès des populations clés et les minorités sexuelles aux services de santé et sociaux de base pour une société zéro VIH d’ici 2030. A ce jour, une dizaine d'associations a été visitée par l'ONG Secour Social, avec à sa tête M. Lucien Gnizako et ses partenaires, que sont la Ligue Ivoirienne des Droits de l'homme (LIDHO), le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), le Centre Social et la chefferie traditionnelle. Passant par la communauté Sénoufo, Agni, la jeunesse estudiantine de Tchèlèkro et celle des jeunes juristes de l'Université Alassane Ouattara (UAO), ainsi que le groupe d'épargne et de crédit dénommée "Solidarité" du quartier Koko et pour arriver à l'Association des Bétés Résidents à Bouaké (ABRB), ce Dimanche, 09 Février 2025. Toutes ces associations ont reçu les plaidoyers de l'ONG Secours Social, en faveur des populations clés.


Lors des différentes rencontres les échanges se tiennent autour des sujets d’acceptation, de paix et de tolérance pour faciliter l’acceptation des populations clés. Dans toutes les communautés et organisations de jeunes, le message à été le même, celui de faire connaître les Droits humains en général et celui des populations clés, plus spécifiquement, sur tous les plans. A chaque rencontre M. Gnizako, premier responsable de l'ONG Secours Social, commence par son plaidoyer, dans lequel il demande à chaque participant de faire preuve d'indulgence et de ne pas  stigmatisatiser ces populations clés, en particulier les LGBTQI, les travailleuses de sexes et les usagers de drogues. "Aujourd'hui quand on parle de stigmatisation, de discrimination et de rejet , la majorité vient de la jeunesse. Les parents arrivent quand même arrivent comprendre un temps soit peu. C'est pourquoi nous faisons un plaidoyer au niveau des jeunes de stopper avec la discrimination et la stigmatisation envers leurs camarades", a indiqué M. Lucien Gnizako. Poursuivant, il précise que la jeunesse constitue le noyau fondamental dans cette lutte, raison pour laquelle il faut travailler davantage à sensibiliser cette jeunesse sur les Droits des populations clés. 

Sur le campus , comme à  Tchèlèkro, les jeunes étudiants rencontrés ont eu l'occasion d'exposer leurs préoccupations sur la question. Au sortir desquelles, bon nombre d'entre eux qui se disaient ignorants ont affirmé changer de comportement désormais, après avoir entendu les  communications des conférenciers. C'est le cas de l'Etudiant en 2eme année de Licence en Droit, Kouamé Léonce,  qui selon lui pensait que l'Etat de Côte d'Ivoire devrait prendre des mesures et des lois fermés pour condamner les "woubis" mais avec le passage de l'ONG Secours sur le campus; il a compris beaucoup. " Etant même un étudiant en Droit il y'a beaucoup de choses que je ne savais pas. Mais avec la venue de l'ONG Secours Social et du CNDH, j'ai beaucoup appris et mon regard va changer vis-vis de ces personnes", dit-il.
Même constat chez les parents, dont les communautés ont été entretenues par l'ONG Secours Social. Dans la communauté Bété, le président de leur association (ABRB), M. Kipré Armand a dit s'être réjoui de cette initiative de l'ONG Secours Social. " Je me réjouis personnellement et pour mes frères et sœur de la communauté. Parce-que souvent on pense connaître certaines choses alors qu'en réalité on les ignore. Et le contact que nous avons eu avec l'ONG et ses partenaires clarifie certaines choses dans notre esprit ", dit-il.

Ces propos d'acceptations et de clarifications ont été en parties grâce aux explications et interventions mesurées des partenaires de l'ONG Secours Social, que sont : Maître Soro Zoumana, représentant de la LIDHO, Meite Assane, représentant du CNDH, Mme Anigoran Eleonore, représentante du Centre Social et le doyen Traoré Lokouo, porte-parole des chefs traditionnels de Gbêkê.

A tour de rôle, chacun de ces représentants du Droits de l'homme et de lutte contre les violences basées sur le genre ( VBG) a presenté et expliqué le sujet dans son contexte et indiqué par la suite les meilleurs comportements à adopter. 

Dans toutes les communautés sillonnées par l'ONG Secours Social,  Maître Soro a vehiculé le même message sur le Droit, en vue que tout le monde soit au même niveau d'information sur la question. "La Côte d'Ivoire s'est engagée à faire respecter la déclaration universelle des Droits de l'homme du 10 Décembre 1948. Cette déclaration stipule que tous les êtres humains naissent libres et égos en Droits et en dignité", souligne M. Soro. "Il sont doués de raison et de conscience, il doivent se comporter les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. Les Droits de l'Homme sont non discriminatoires, on ne peut pas considérer une partie de la population comme des sous hommes", poursuit le représentant de LIDHO

M. Meïté Assane du CNDH renchérit pour dire que "les Droits sont des Droits du simple fait qu'on soit Humain". "Du moment que je suis né humain, je bénéficie automatiquement de ces Droits, que soi la santé, l'éducation et autres. Et personne ne peut me les enlever, ni mes parents, ni la culture, ni la tradition et la religion. Et le but même du CNDH dans ce gros mécanisme de sensibilisation et de plaidoyer vise à protéger les Droits à la santé d'une certaine population marginalisée", a expliqué M. Meïté. "Il y'a certaines personnes qui n'ont pas accès à la santé,  juste parce-qu'elles sont considérées comme des prostituées ou on une orientation sexuelle différente. Ce qui n'est pas normal  et condamnable par la loi. En gros, ce qu'il faut savoir c'est que tant que je suis en face d'une personne humaine, je dois protéger et respecter ses Droits", a dit le représentant du CNDH. 

 A sa suite,  Mme Anigoran Eleonore du Centre Social a précisé que toutes formes de violences affligées à un être humain est passible de poursuite judiciaire. "Le Centre Social lutte contre toutes les formes de violences basées sur le genre (VBG). Que ce soit émotionnelle, psychologique, physique, rejet, stigmatisation ou discrimination", explique Mme Anigoran. "C'est la raison pour laquelle, il faut s'accepter mutuellement. Ce n'est pas parce-que ton enfant ou ton ami consomme la drogue ou a une orientation sexuelle différente, que tu vas le rejeter, bien au contraire tu dois l'accepter et lui parler, pour qu'il parvienne à changer un jour. Si tu le rejettes ou même le tabasses, tu auras commis une VBG et si nous sommes saisies,  l'affaire pourra aller en justice", a laissé savoir la représentante du Centre Social.

Après l'intervention de Mme Anigoran chez la communauté Bété, Dame Égaly Françoise a exprimé sa joie d'entendre ses propos, qu'elle " ignorait". "Je ne savais pas qu'une telle structure existait. Je vais prendre leur numéro comme ça désormais, si une de mes connaissances ou moi même je suis victime de VBG, je vais les contacter. Je dis merci à l'ONG Secours Social et ses partenaires de venir nous éclaircir sur cette question", a -t-elle déclaré.

Il faut rappeler que toutes ces tournées de sensibilisation visent à briser les barrières entre les communautés vulnérables à l’infection à VIH et les riverains et Instaurer un climat de paix et de confiance entre les populations clés et les riverains. Et c'est ce que prône le doyen Traoré Lokouo, porte-parole des chefs traditionnels de Gbêkê à  chaque sortie de l'ONG Secours Social. "Nous ne sommes pas venus faire la promotion des personnes clés ( LGBTQI) ou des consommateurs de drogues, nous sommes venus vous dire de ne pas les rejeter, de les accepter, comme ça un jour ils pourront revenir à la raison. Et même s'ils ne changent pas, ce sont tout de même nos enfants et nos semblables", traduit le doyen Lokouo.

Ce projet de l'ONG qui a démarré en Janvier est prévu pour prendre fin en ce mois de Février 2025.Au total, ce sont 20 communautés ethniques, associations de tous genres et organisations de jeunesses qui seront visitées, en vue de freiner la recrudescence de propos haineux à l'encontre des personnes LGBT et réduire le taux de contamination du VIH-SIDA.


Ismaël COULIBALY 

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