Côte d’Ivoire/ Réconciliation, rapports avec Gbagbo et le gouvernement : Blé Goudé ou les enjeux d’un retour au pays pas du tout banal !

Quatre mois après l’obtention de son passeport, Charles Blé Goudé est à un virage historique. Détenu à la Haye en 2014, jugé puis acquitté définitivement le 31 mars 2021, il entrevoit, enfin, la lueur d’un retour au bercail. En effet, selon une déclaration du COJEP du mardi 18 octobre dernier, l’ancien « général de la rue », a reçu l’autorisation de regagner sa terre natale. 

« En date du 30 septembre 2022, les autorités ivoiriennes ont formellement donné leur accord par écrit pour son retour en Côte d’Ivoire », lit-on dans le communiqué signé du Dr Patrice Saraka, le porte-parole du COJEP.

La date n’est pas encore annoncée même si son avocat Me Ndry Claver mise sur un retour « d’ici la fin de l’année » (sic). Toutefois le président de la République, SEM Alassane Ouattara, « a instruit son chef de cabinet, SEM Soumahoro Claude Sahi, de poursuivre les échanges avec Blé Goudé et/ou ses représentants, les dispositions particulières liées à ce retour ».

Un peu plus d’un an après le retour très commenté et très controversé de son ancien mentor, Laurent Gbagbo, l’arrivée prochaine du natif de Guibéroua est chargée de symboles. Ça sonne, en effet, la fin d’une expatriation longue de douze ans si l’on y ajoute les années d’exil au Ghana, la matérialisation d’une espérance et d’un souhait sans cesse manifesté de rentrer au pays.  

Par ailleurs, à la lecture de la déclaration officielle du COJEP, elle (son arrivée) apparaît comme un catalyseur de la réconciliation nationale. Car s’il « est parti sur fond de crise, Blé Goudé veut revenir dans son pays sur fond de rassemblement et de renforcement de la démocratie et la paix », assure la note d’information du COJEP. Autrement dit, « de Génie de Kpô » ne viendra pas en spectateur passif de la scène politique. Bien au contraire, il veut prendre toute sa place pour « pleinement jouer sa partition dans le processus de réconciliation nationale ».   

Dans cette optique, Charles Blé Goudé rejoint le président de la République, à qui il n’a pas manqué, avec le COJEP, de réitérer sa gratitude pour l’intérêt qu’il accorde à ce dossier. D’évidence, le temps a fait son effet, et l’atroce adversité d’autrefois entre les deux hommes semble se diluer dans la vague de l’intérêt supérieur de la Nation. 

Une incertitude pèse, toutefois, sur l’avenir judicaire de l’ex-détenu de la CPI malgré son acquittement définitif par la juridiction de Scheveningen. En Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé est sous le coup d’un mandat d’arrêt à la suite de sa condamnation à vingt ans de prison, fin 2019, pour « actes de torture, homicides volontaires et viol ».

Condamné, également, par la justice ivoirienne dans l’affaire dite du braquage de la BCEAO, Laurent Gbagbo a bénéficié, en août dernier, de la grâce présidentielle. Mais pas d’amnistie. Qu’en sera-t-il de Blé Goudé, reconduit récemment, à la tête du COJEP et dont les ambitions politiques sont connues de tous : la conquête d’Etat ? Là réside l’un des axes majeurs de l’analyse de cette actualité qui se profile. 

Au-delà de cette considération, il y a ses rapports de moins en moins cordiaux avec son ex-codétenu et mentor, le président Lauren Gbagbo. L’opinion, dans sa majorité, lui prête, d’ailleurs, une rupture de ban avec ce dernier. Son retour très prochain en terre ivoirienne permettra de tirer, enfin, une véritable conclusion sur la question. Car la politique ivoirienne, faite d’arrangements et de rebondissements, commande beaucoup de réserve dans l’approche des faits.

Une chose est sûre, le très attendu retour de Blé Goudé en Côte d’Ivoire va mettre une couche au landerneau politique ivoirien à un an des élections locales. 

MDG