2063 Articles 19 Vidéos + 100 000 Visites / Mois Bouaké, Côte d'Ivoire
Créé depuis 1998, pourquoi avoir décidé maintenant, en cette année 2025, d'organiser des Journées Portes Ouvertes au sein du CNRA ?
Ceux ne sont pas les premières journées. Il y'a une dizaine d'année, on en a fait. Suite à cela, nous nous sommes concentrés sur nos travaux, la résolution de nos problèmes et s'occuper des contraintes de développement de l'agriculture, mais à un moment donné il faut sortir. Après donc ces 10 ans , il était impérieux que nous puissions dire à notre public et à nos paysans que leur outil de recherche agronomique est encore là et dispose de multiples solutions à leurs problèmes. Au fait, avant de sortir en public il faut avoir à réfléchir et à trouver quelque chose, il faut avoir travaillé sur plusieurs aspects de recherche pendant un certains nombre d'année, pour obtenir des résultats concrets avant de se dévoiler. Le CNRA a traversé des moments difficiles, il était vraiment question d'être sûre d'avoir de la matière à échanger avec les populations. Aujourd'hui, le CNRA, va mieux. Certes ,il y'a encore des difficultés mais on a ce qu'il faut, pour pouvoir générer des résultats.
Quel est l'objectif spécifiques de ces Journées Portes Ouvertes ?
L'objectif principal c'est de dire au grand public et aux producteurs que le principal outil de recherche de la Côte d'Ivoire est là. Informer également que outil à travailler et a des solutions à proposer, donc il fallait qu'on ouvre les portes. Cela nous permet aussi, d'avoir les nouvelles préoccupations de notre public. Ils sont nombreux, peut-être par timidité ou par crainte, à venir au CNRA pour se déclarer en tant que producteurs et poser des préoccupations. Le chercheur ne peut pas s'asseoir dans son laboratoire et puis travailler sans connaître les problèmes des producteurs. Ces journées portes ouvertes nous ont donné des opportunités de pouvoir discuter et échanger avec les utilisateurs de nos résultats. Également nous imprégner des contraintes du moment, afin de les prendre en compte dans nos activités et nos actions de recherches.
Quelles sont vos attentes en organisant ces Journées Portes Ouvertes ?
Bien évidemment, nous avons des attentes. Être en contact permanent avec les producteurs et la population. Et, les résultats que nous avons présentés, que ces résultats puissent passer à échelle, pour être au niveau de la population et que nous voyons ces résultats être appliqués par nos producteurs. Il sera encore plus intéressant de voir ces résultats utilisés effectivement par les producteurs.. Et qu'ils gardent le cap par les échanges, les contacts noués lors des Journées Portes Ouvertes. Venir régulièrement au CNRA, se renseigner auprès des agents et chercheurs sur les semences de qualités que nous gérons dans le Gbêkê, aussi pour tout le CNRA. Il y'a le riz et le colatier qui se font à Man (Ouest de la Côte d’Ivoire), il y'a la banane plantain qui se développe dans la région Sud du pays, mais qui marchent bien bien ici dans le Gbêkê (Centre du pays). Nous sommes d'ailleurs en pourparlers avec cette équipe de chercheurs de l’Ouest et du Sud, pour que les producteurs de Gbêkê puissent bénéficier de ces semences et ressources génétiques, pour développer des plantations ici. Dans le triangle, Bouaké-Béoumi-Sakassou, il y'a de formidables plantations de production de banannes et de cacao. Donc, ces premiers contacts vont nous permettre de diversifier toutes les productions agricoles de la région.
Le CNRA associe t-il des coopératives agricoles villageoises dans ses recherches ?
Alors, le pays est organisé. Le CNRA est l'institut qui fait les recherches agronomique. Et lorsque nous avons des solutions, celles-ci sont proposées aux agriculteurs en passant par l'Agence Nationale Développement Rural (ANADER). C'est l'ANADER qui a en charge la vulgarisation, le suivi des paysans et des producteurs sur le terrain. Et nous même en générant des technologies, nous travaillons très souvent avec l'ANADER. Nous passons donc par eux pour pouvoir atteindre nos producteurs, en vue de leur meilleur encadrement.
Quelles sont les cultures phares dans la région de Gbêkê sur lesquelles le CNRA effectue ses recherches ?
Nous travaillons sur les plantes à racines et tubercules, c'est-à-dire, l'igname, le manioc, la patate douce et le tarot. Nous travaillons également sur les cultures maraichères et protéagineuses (légumes, la salade, les concombres, tomates, le gombo, l'aubergine mais aussi le soja, l'arachide, le niébé et bientôt le sésame.) En plus de ces cultures, il y'a aussi le coton. Même s'il n'est pas une grande culture de Gbêkê, mais le programme de recherche sur le coton est basé à Bouaké. C'est une culture du Nord qui descend de plus en plus, donc c'est à partir du Centre, précisément à Bouaké, que nos équipes parviennent à travailler étroitement avec tous les acteurs de la filière coton. Nous avons également l'élévage terrestre ( les bovins, les caprins et la volaille...), l'élévage piscicole qui est également développé à partir de Bouaké. L'élément important que je voudrais ajouter, ce sont des cultures certes, mais la direction régionale du CNRA de Bouaké gère pour le compte de la Côte d’Ivoire les aspects pluviométries, les aspects températures et les aspects du changement climatique. A côté de cela, nous évaluons la qualité des sols dans toutes les régions du pays à partir du laboratoire qui est installé ici à Bouaké. Ainsi, la direction régionale de Gbêkê couvre toutes ces spéculations
Le CNRA met-il ses produits cultivés à la disposition des consommateurs sur le marché ou c'est juste pour des besoins de recherches ?
Nous travaillons pour les populations et donc nous n'avons aucun résultat caché. Si nous avons quelque chose de concret, il faut que cela atteigne le producteur, pour qu'en retour nous soyons heureux. Je vous donne un exemple, il y'a deux ou trois ans de cela notre production cotonnière avait chuté de façon drastique, du fait du développement des jacides. Les jacides également qui se sont développés à partir des changements climatiques et toute la production de Côte d’Ivoire a falli être annihiler complètement. Face à cela, les chercheurs se sont mis au travail en urgence. Et c'est comme ça que, des solutions et des molécules ont été trouvées, pour attaquer ces jacides, afin d'aider les planteurs. Et aujourd'hui, grâce à tous ces travaux des chercheurs, tout à remonter. La Côte d'Ivoire a regagné sa place en termes de producteurs de coton au niveau de l'Afrique de l’Ouest. Donc, le travail qu'on fait doit régler un problème sur le terrain sinon il n'est pas nécessaire. C'est le cas pour toutes les spéculations qui sont prises en compte par la direction générale du CNRA.
Depuis la création du CNRA, est-ce qu'on peut dire qu'il y'a une avancée majeure au niveau technologique dans la manière de faire des paysans en Côte d'Ivoire ?
On peut dire cela en citant plusieurs d'exemples. Aujourd'hui, on ne parle pas beaucoup des élevages mais la pisciculture ivoirienne utilise un tilapia que le gouvernement à faire venir du Brésil et que le CNRA a domestiqué localement et mis à la disposition des pisciculteurs. Ce tilapia qui croît plus vite permet donc aux pisciculteurs de gagner du temps. Le cycle de la pisciculture qui était parfois de six mois, aujourd'hui nous sommes à quatre mois. Ce qui est un changement notable. Nous produisons des semences de plantes fourragères particulièrement le panicum-maximum, l'herbe que les éleveurs doivent développer sur leurs pâturage, pour alimenter leurs animaux, pour ne pas aller les champs des voisins. Vous avez donc la possibilité de faire votre pâturage artificiel avec l'herbe que les animaux mangent et éviter les conflits entre agriculteurs. Je parle vraiment de ce qu'on fait ici à Bouaké. On a également le manioc. Plusieurs qualités de variétés de manioc ont été développées. Quand on parle de variété, c'est quelque chose de nouveau, c'est une nouvelle ressource génétique qu'on met à la disposition des producteurs selon les besoins des utilisateurs. Chaque variété correspond à une transformation en produit fini bien défini. L'attiéké a sa variété de manioc auquel il correspond, le placali également et même l'amidon. Il en est de même pour différentes spéculations prises en compte par Bouaké mais aussi par les autres directions. On prend le cas du cacao Mercedes qui a révolutionné la culture du cacao en Côte d’Ivoire en termes de performance et même tous nos voisins et pays africains passent en Côte d'Ivoire, visite le CNRA, pour s'inspirer de notre modèle de développement agricole. L'Afrique centrale consomme plus le manioc que nous, mais ils viennent chez nous, pour chercher nos variétés.
Vous venez d'organiser vos 1ères Journées Portes Ouvertes, comptez-vous pérenniser cette initiative ?
Nous nous fixons un objectif d'une périodicité de 2 ans, pour l'instant à travailler, avoir des résultats concrets vulgarisables. Mais avec notre hiérarchie, nos partenaires et nos communicateurs, nous allons voir la bonne fréquence des dates, pour ne plus être absent sur le terrain, en vue de faire connaître nos travaux. Et sortir en public pour montrer aux producteurs, aux populations et aux apprenants ce qu'on a fait.
Quel appel avez-vous à lancer aux agriculteurs et aux consommateurs, pour une souveraineté alimentaire plus saine ?
C'est une question importante. Si nous voulons atteindre effectivement notre souveraineté alimentaire et notre sécurité alimentaire, il faut que, ce que le CNRA génére soit appliqué. Ceux qui doivent appliquer, ce sont les populations, les agriculteurs, les producteurs et les coopératives. Tant que tous ces groupes ne font pas leurs parts, le chercheur devient un peu limité. Parce-que lui, il a son résultat, il en a parlé à la population mais il faut que cette population l'applique. Nous allons intensifier notre communication, car il y'a d'autres actions que nos spécialistes vont nous proposer, pour qu'on soit régulièrement sur le terrain, pour dire à la population ce que nous leur proposons, afin de réussir leurs campagnes agricoles. Nous souhaitons que les ivoiriens adoptent nos technologies, les appliquent et nous soumettent leurs difficultés, pour qu'on continue de travailler à améliorer nos recherches.
Interview réalisée par Ismaël COULIBALY