1941 Articles 19 Vidéos + 100 000 Visites / Mois Bouaké, Côte d'Ivoire
D'entrée, nous sommes curieux de savoir d’où vous vient cette passion pour la radio...
Déjà pour aimer la radio il faut aimer le partage, il faut être altruiste, aimer l’homme. C’est d’abord la base à mon humble avis. Qui dit communication dit nécessairement partage, tolérance. Donc moi, dès le bas âge, je suis quelqu’un de très ouvert, j’aime l’homme, j’ai le sens du partage. Avec tous ces atouts, je pense que c’est naturellement que vient la passion pour la communication. Lorsque j’ai obtenu mon baccalauréat à Luther King, mon père avait décidé que je parte faire les Lettres modernes. Chez nous on ne dit pas non. Vu que c’est moi qui partait faire mon inscription, une fois à l’université, naturellement je suis allée en communication. Au départ c’était lettres modernes et communication. Car à l'époque, c’était tronc commun et en Licence il y avait la possibilité de se spécialiser soit en lettres modernes soit en communication. C’est naturellement que les choses sont venues. Mais bien avant le baccalauréat, j’aimais voir les journalistes à la télévision. Je suivais régulièrement les documentaires. J’étais captée par la voix derrière les documentaires. Je m’amusais souvent à copier les paroles de celui qui commentait les documentaires animaliers particulièrement. On ne voit pas la personne, tu vois juste l’image, la vidéo qui passe et tu entends une voix en fond sonore. Et, bizarrement, moi je prenais plaisir à écrire ce que ce dernier disait. Je pense que rien ne se fait au hasard Dieu trace les chemins de quiconque et puis ça arrive de façon naturelle.
À quel moment Maourata Ouattara décide-t-elle de lancer une carrière en radio ?
C’est arrivé très tard. Bien vrai que j’ai une formation en communication mais la réalité du terrain n’est pas forcément ce que nous souhaitons. Maourata Ouattara, à la base, était vraiment études. J’ai consacré jusqu’à ce jour la majorité de mon existence à étudier, à aller à l’école pour obtenir les diplômes. Après le Master, j’ai été, d'abord, agent de communication dans un service de santé de la place en tant que volontaire. Volontairement j’assurais le volet communicationnel avec les patient(e)s. Je les aidais dans la sensibilisation contre le paludisme, le VIH, l’utilisation des méthodes de contraception. Très tard je décide de me consacrer mais pas à pas. Juste après mon volontariat du côté du SSU je me tournais les pouces à la maison. Et puis un jour je vois une offre, on cherche un stagiaire, animatrice. Je me suis ne dit pourquoi pas. Je vais aller me frotter aux échanges d’abord et puis voir si je vais être retenue. Voilà, tout est parti de là.
Les premiers jours en radio, on imagine qu'ils n'ont pas été une partie de plaisir pour l'apprentie que vous étiez. N'est-ce-pas ?
Je dirai non ! comme je le dis, rien n’arrive au hasard. Quand quelque chose doit nous venir naturellement, Dieu met tout sur notre chemin pour que ça puisse aboutir (…) C’est vrai que j’avais les bases théoriques mais les bases pratiques sérieusement je ne les avais pas encore en matière de radio. Dieu merci, je suis tombée sur des collègues à l’écoute, des collaborateurs qui me mettaient à la tâche. Je pense que on doit copier cela. Mettre les personnes qui sont amoureuses de ce métier, de les mettre à la tâche pour qu’elles puissent le plus vite possible s’intégrer. Et sincèrement ça été mon cas. C’est l’occasion de remercier le directeur de la radio monsieur Bamba Karamoko, qui m’a donné ma chance. Remercier toutes ces personnes avec qui j’ai eu à collaborer notamment mon patron Staky Mouroufié qui m’a accompagnée, conseillée, qui m’a vraiment mise à la tâche. Ça été une chance pour moi.
Parlons à présent de votre passion pour le sport. En tant que femme, comment voyez-vous votre collaboration avec les autres journalistes sportifs.
Ma passion pour le sport remonte à l’enfance. Je suis issue d’une famille nombreuse, j’ai une position assez stratégique. C’est-à-dire je suis la quatrième de ma famille mais je suis entre quatre garçons. Précédée de deux et suivie de deux autres garçons. Aussi mon père étant un passionné de football avec des hommes de part et d’autre, je n’avais pas d’autre référent. J’étais un garçon presque manqué, j’aimais bien le style des hommes jusqu’à l’adolescence. On suivait très souvent les matchs à la télé à cette époque C’était les matchs locaux et lorsque les clubs de la Côte d’Ivoire se déplaçaient à l’international la première chaîne retransmettait les rencontres. Naturellement, je suis amoureuse de football d’abord et après je m’ouvre pour aimer tous les sports. Ma collaboration avec les journalistes sportifs de Bouaké, je dirai qu’il n’y pas de communication véritable entre nous. Mais je suis membre du congrès des journalistes sportifs de Côte d’Ivoire qui a sa base à Abidjan. Souvent lorsque j’ai des émissions à faire c’est sur eux que je m'appuie parce qu'ils ont des bases de données. En tant que femme je ne me sens pas du tout gênée. Dans la mesure où moi-même je suis quelqu’un qui a du cran. Aussi, je m’intègre très vite à la base. Les confrères journalistes au niveau du congrès sont des personnes très ouvertes.
Votre carrière professionnelle a vite pris de l’ascendant, qu’est ce qui a favorisé cette évolution rapide ?
Le climat ! En toute chose, il faut faire preuve de modestie. On n'est pas mieux que quiconque, on en sait pas mieux que quiconque. Je pense que lorsque on arrive dans un endroit comme moi je suis arrivée, si les anciens veulent nous pourrir la vie ou nous mettre des bâtons dans les roues c’est vite fait. Mais si Dieu fait que vous avez des personnes qui le craignent, qui sont là et qui sont prêtes à ouvrir la porte pour la jeune génération, pour les personnes amoureuses du métier, ça facilite les choses. C’est ce qui explique cette ascension qu’on qualifierait de fulgurante.
La journée mondiale de la radio, qu’est-ce qu’elle représente pour vous en tant que directrice et animatrice de Radio ?
La Journée mondiale de la radio, pour moi, c’est la fête de fin d’année pour un citoyen lambda, c’est la Tabaski pour le musulman, la Pâques, le jour de l’an pour le chrétien. C’est pour dire que c’est une forme de reconnaissance pour toutes ces personnes qui ont décidé de consacrer leur vie à ce média. Le métier d’agent de radio, de média en général est un métier assez ingrat. Mais je pense que la reconnaissance vient en ce moment où on dit on reconnaît votre travail, votre mérite. Parce que vous contribuez à la formation, à l’éducation et à l’information des populations. C’est vraiment avec enthousiasme, avec beaucoup de joie que j’ai appris cette journée mondiale de la radio qui a été décrétée par l’UNESCO.
Quel regard portez-vous sur le paysage radiophonique en Côte d’Ivoire et plus précisément à Bouaké ?
Je pense qu’après Abidjan, Bouaké est la seconde plateforme en termes de quantité de radios. Nous sommes nombreux. C’est de bonne guerre. C’est très important de diversifier l’offre pour les habitants que nous avons. Même après le critère des radios, Bouaké est la seconde ville en termes de populations. Quoi de plus légitime d’avoir une pléthore d’organes de radio sur la plateforme de Bouaké. Les radios de proximité que nous sommes avons un cahier de charges à respecter. Hormis ça, il y a une bonne entente d’où la création de l’Union des radios de Gbêkê avec le président sortant monsieur Alex Yao. Les femmes ne sont pas suffisamment représentées au sein des radios, c’est relatif. Par contre, à la tête des radios, le nombre de femmes est très infime. C’est l’occasion d’en appeler à toutes ces femmes qu’on ne doit pas tout nous donner. On doit montrer que nous sommes capables, de par nos résultats, de par notre manière de gérer et surtout de par la compétence que nous allons mettre sur la table de mériter, de guider la destinée des radios qui nous seront confiées.
Qu’en est-il de la situation financière des radios ?
Pour le moment, les radios spécifiquement à Bouaké c’est un peu compliqué. Lorsque nous nous retrouvons pour des réunions, on ne dit pas ouvertement mais à demi-mot que les radios ont du mal à décoller, à s’assumer à faire face aux charges fixes. C’est l’occasion d’appeler les autorités, les hommes de médias à œuvrer pour que ce que nous avons comme acquis puisse déjà satisfaire le minimum. Je pense que les autorités sont en train de faire ce qu'elles peuvent pour industrialiser la zone pour que nous puissions avoir de gros caché, de gros partenariats parce que, pour le moment, on se contente des miettes. On espère, que Bouaké pourra, très vite, atteindre le standing d'Abidjan.
Au terme de notre entretien, qu'avez-vous à dire à tous vos confrères et consœurs de la radio ?
Pour la journée mondiale de la radio, c’est de souhaiter une bonne fête à tous les agents de radio de notre belle cité de Bouaké, de l’Union des radios de Gbêkê, également à tous les agents de radio de Côte d’Ivoire et du monde entier. C’est notre jour, personne d’autre ne viendra commémorer cette fête à notre place. C’est nous qui devons la prendre à bras le corps. Bonne fête à chacun et à chacune et que l’avenir soit beaucoup plus lumineux, que les entrées se fassent de manière régulière et qu’on puisse avoir le nécessaire pour faire face aux charges fixes de la radio. Et pourquoi pas pouvoir créer les conditions idoines pour les agents. Je voudrais, aussi dire merci à notre directeur Monsieur Bamba Karamoko pour la confiance qu’il place en nous ; nous sommes conscients des difficultés et surtout des défis à relever. Tous les agents, ici, sont à pied d’œuvre pour pouvoir relever les défis qui s’offrent à nous déjà cette année 2023. Et on espère qu’il en sera de même pour toutes les radios de Bouaké.
K. SEKONGO