BOUAKÉ/ Colloque sur le bien-être : Professeur Hugues Lagrange (sociologue), “on ne doit pas voir le bien-être comme l'apanage des sociétés riches”

SEKONGO Kassim Mar 27 Mai 2025 societe [663 articles] 248 Vue(s)
Photo de famille des officiels présents lors de la cérémonie d'ouverture (ph.igbeke)
Le colloque international sur le bien-être a débuté ce mardi 27 mai 2025 dans l'amphithéâtre C du campus 2 de l'université Alassane Ouattara de Bouaké. L'ouverture officielle a été présidée par le Professeur Fidèle Yoroba, Vice-Président chargé de la Recherche, de l’Innovation Technologique et des Relations Extérieures, représentant le président de l'université, le Professeur Kouakou Koffi.


Dans son discours inaugural, le Professeur Yoroba a souligné l'impératif de repenser les politiques publiques en Afrique, affirmant que le bien-être des populations doit désormais être une exigence incontournable. Il a insisté sur le fait qu'il ne suffit plus de se focaliser sur la croissance économique ou les infrastructures. «Il faut interroger la qualité de vie, les aspirations profondes des citoyens, leurs sentiments d'épanouissement personnel et collectif », a-t-il déclaré, invitant les participants à « profiter pleinement de ce banquet scientifique pour faire avancer les connaissances, partager les expériences, mais aussi pour influencer positivement les politiques publiques au service du bien-être des populations.»


Docteure Idah Razafindrakoto, coordonnatrice du Programme de renforcement des capacités des institutions de recherches en Sciences Sociales en Afrique, représentant le président de Global Development Network (GDN), a réaffirmé l'engagement de son institution. Elle a salué la capacité du Centre de Recherche et de Développement (CRD) en matière de recherche et de gestion, et a exprimé le souhait de voir le futur Indice du Bien-être (IBE) proposé par le CRD réussir et gagner une importance internationale.


Vers un référentiel africain du bien-être


Le Professeur Doudou Théodore Dimi, président du comité d'organisation, a rappelé que ce colloque s'inscrit dans le prolongement d'une étude pilote menée par le CRD sur les aspirations des populations ivoiriennes en matière de bien-être. À moyen et long termes, le CRD ambitionne de devenir un référentiel africain sur les questions de bien-être. Cela passera par une généralisation de l'étude sur les aspirations des populations ivoiriennes, la création d'un observatoire du bien-être au sein du CRD, et la mise à disposition d'un indice de mesure du niveau de bien-être des populations pour les gouvernements, districts et régions. Cet indice permettra l'élaboration d'outils de planification du développement et de suivi des indicateurs de développement durable, en tenant compte des aspirations des populations elles-mêmes.


La richesse matérielle, un facteur insuffisant pour le bien-être


Cette première journée du colloque a été marquée par une conférence inaugurale animée par le Professeur Hugues Lagrange, sociologue et directeur de recherche au CNRS sur le thème « Réflexions liminaires pour l'élaboration d'un indicateur du bien-être en Afrique de l'Ouest ». Le Professeur Lagrange a souligné que la richesse matérielle et le progrès économique sont importants mais ne sont pas suffisants pour le bien-être. Il a insisté sur la nécessité de prendre en compte les diverses dimensions de la santé mentale et physique, ainsi que l'harmonie sociale. «La perception tendant à croire que plus les sociétés s'enrichissent, elles seront plus heureuses n'est pas vraie», a-t-il affirmé. Il conclut en rappelant que «on ne doit pas voir le bien-être comme l'apanage des sociétés riches», soulignant qu'une société doit être capable de réduire au minimum les souffrances, au-delà d'un certain niveau d'accomplissement matériel.



K. S

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