2147 Articles 19 Vidéos + 100 000 Visites / Mois Bouaké, Côte d'Ivoire
Après deux jours d'arrêt des cours , l'appel à la reprise, ce lundi 7 avril 2025 est fortement marquée par des expressions de résistance, d'hésitation , voire même de capitulation chez de nombreux enseignants. Ces émotions sont compréhensibles et peuvent être attribuées à plusieurs facteurs. L'on se souvient que la ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative, dans un communiqué publié le week-end dernier sommait les enseignants à mettre un terme à la grève afin de reprendre le chemin des classes , sous peine de radiation. Cet ultimatum est perçu par une partie des grévistes comme une intimidation pour esquiver la prise en compte de leurs points de revendications. D'autres par contre , voient en l'appel de la ministre une réelle ménace pour leur carrière professionnelle. Redoutant d'être radiés sur la liste des effectifs des enseignants , certains enseignants ont préféré repondre à l'appel.
Il est 7 h 15 , ce lundi 7 avril 2025 , lorsque nous foulons la cours du Lycée Moderne TSF de Bouaké. Ici, la cours du lycée grouille de son monde habituel. Les élèves y sont déjà quand des enseignants trouvés sur place discutent entre collègues en attendant peut être le premier son de cloche. À quelques mètres de ce lycée se trouve le Groupe Scolaire Bassa, l'une des plus grandes écoles primaires de Bouaké. Ici encore l'ambiance des écoliers dans la cours est d'ordinaire. Ils n'attendent que le premier son de cloche de 7h30 pour accéder aux différentes salles de classes. Une des directrices de l'établissement que nous avons rencontrée se confie : ' les enseignats sont là, il y aura cours. Nous attendons la cloche, et vous verrez qu'il y aura cours '' nous a-t-elle rassuré.
Plus loin de là, le Groupe scolaire Irdo , un autre établissement primaire que nous avons visité grouille aussi de ses pensionnaires. Contrairement au Groupe scolaire Bassa, à Irdo, les écoliers sont attroupés devant le portail de leur établissement prêts à regagner la maison au motif qu'il n'y a pas d'enseignants. '' Les maîtres ne sont pas là. Il n'y a qu'un seul ce matin à l'école ''nous a confié un groupe d'élèves trouvés sur place. Au Collège moderne Koko, l'ambiance est quasi-morose. Certains enseignants sont en classe quand d'autres ont brillé par leur absence, laissant des élèves à leurs triste sort. '' Nous avons cours à 8h mais depuis notre professeur 'n'est encore venu ''nous apprend un groupe de jeune filles assises devant leurs salles de classes.
Au lycée municipal Djibo Sounkalo, les cours ont lieu en partie sous haute surveillance policière même si certains enseignants signataires du mot d'ordre manquent à l'appel .
La grève suivie au public, le privé dans la danse
De Botro en passant par Béoumi jusqu'à Sakassou , les lycées publics comme le lycée Paul Akoto Yao sont restés déserts de leurs pensionnaires.Seuls les forces de l'ordre mobilisés pour la circonstance etaient présents sur les lieux. Toujours à Sakassou, des élèves du public mécontents, dans un élan de solidarité ont delogé leurs camarades issus des établissements privés. Même constat à Botro où les élèves du privé ont déserté les classes pour apporter la solidarité à leurs amis du public.
La poursuite de la grève, ce lundi 07 Avril, se fait dans une situation de bras de fer entre les organisations syndicales, notamment l'IS MENA et l'IS METFPA et le gouvernement ivoirien. Face à la poursuite de ce mouvement de grève initié dans le secteur de l’éducation depuis le 3 avril dernier, le Ministère de la Fonction Publique a lancé un « ultime appel » à la responsabilité et prévenu que tout enseignant absent à son poste ce lundi 7 avril 2025 à 07h00 sera considéré comme démissionnaire. "Le Gouvernement lance un ultime appel à la raison, au sens de la responsabilité et au civisme des instigateurs de ces mots d’ordre ainsi qu’aux personnes qui y défèrent ", dit un communiqué du gouvernement publié ce dimanche 06 Avril 2025.
Ainsi, " tout enseignant qui ne sera pas à son poste de travail à compter du lundi 7 avril 2025 à 07 heures 00 minute sera considéré comme démissionnaire et traité comme tel, conformément aux dispositions du statut général de la Fonction Publique ", poursuit le communiqué.
Landry KOUAME , Collaboration : Ismaël COULIBALY