Honoré Kouamé Gbondo redoute que la révolution industrielle tant prônée ne se fasse au détriment des ivoiriens
Après des études secondaires assorties du diplôme de Baccalauréat, Honoré Kouamé Gbondo développe très tôt en lui les gènes de l’entrepreneuriat. Il refuse les supplications de ses parents qui souhaitaient le voir suspendre momentanément les études afin de s'insérer directement dans le tissu professionnel.Il poursuit tout de même les études universitaires en s'inscrivant à la faculté des sciences économiques et de développement d'ou il sort avec une maîtrise.Sans abandonner son amour pour l'entreprenariat et à toutes les questions touchant à l'industrialisation, Honoré Gbondo lance en 2018 la plateforme TFA qui vulgarise la transformation industrielle des matières premières locales. 4 ans après le lancement de ce concept révolutionnaire , Honoré Kouamé Gbondo, dans une interview bilan transmise à igbeke.com , se livre à coeur ouvert sur son combat .Un combat jugé opportun selon lui, d’autant plus que le gouvernement ivoirien a décidé de faire de l’industrialisation une priorité pour asseoir les bases d'un développement économique et durable.
Alors, il y a pratiquement 4 ans de cela que vous avez lancé la plateforme TFA, Tous Frères et Associés, qui prône le développement économique de la Côte d’Ivoire et même de l’Afrique, par le moyen de la transformation locale des matières premières. Qu’en est-il du bilan actuel de vos actions menées sur le terrain ?
Merci pour l’intérêt que vous portez à notre organisation. Pour revenir à votre question, il faut savoir que la plateforme TFA mène des actions depuis 2018, soit quatre ans déjà que notre organisation sensibilise nos gouvernants et les populations ivoiriennes sur la nécessité d’adopter la transformation locale de nos matières premières et la mise en place d’une politique favorable à l’émergence des champions ivoiriens dans l’industrie agroalimentaire. A cet effet et pour faciliter la tâche à nos gouvernants, nous avons conçu un concept économique, tiré de la vision économique du père de la Côte d’Ivoire moderne Houphouët Boigny, s’inspirant des modèles économiques à succès (Corée du Sud ; Singapour ; Malaisie ; Dubaï ; etc.) et prenant en compte la Nouvelle Vision de l’industriel et économiste franco-chinois Thierry Tan. Ce concept économique baptisé #VNC c’est-à-dire #Vision #Nationale #Commune a été présenté officiellement aux ivoiriens au cours d’une cérémonie d’hommage à Houphouët Boigny que nous avons organisée le 04 Novembre 2021 dernier. Alors, la plateforme TFA est dans l’action et non dans le silence. Notre bilan est plus que positif quand on note les discours actuels de nos dirigeants. Le Premier ministre aujourd’hui ne parle que de transformation locale de nos matières premières et tous les jours nous assistons à l’inauguration d’usines.
On note néanmoins, que quelque chose commence à bouger, puisque le gouvernement Patrick Achi parle beaucoup ces temps-ci de l’urgence de créer des usines pour la transformation locale des matières premières. Il entend à cet effet encourager les projets d’investissement. Le 2 avril dernier, il a procédé à juste titre, au lancement du Projet des chaînes de valeurs compétitives pour l’emploi et la transformation. Votre commentaire ?
Le jeudi 23 juin 2022, JB Foods Limited, une holding d’investissement non ivoirienne a lancé les travaux de construction de son usine de traitement de cacao dans la zone industrielle Pk- 24 d’Adzopé. Est-ce de cela que vous parlez, ou bien la vision de TFA est différente ?
En partie oui, mais la vision TFA va au-delà.C’est ce que je disais tantôt, les actions de notre plateforme TFA ont permis ce revirement à 360 degré du discours de nos dirigeants.
Et votre plateforme s’en réjouit-elle ?
Bien sûre que Oui ! Aujourd’hui l’objectif est mis sur la transformation locale comme l’a toujours recommandé notre organisation. Cependant, je crains que cette révolution industrielle en Côte d’ivoire ne se fasse sans les ivoiriens et contre les ivoiriens. En effet, le concept économique VNC (Vision Nationale Commune) de la TFA recommande trois points cumulatifs dont la mise en œuvre doit être concomitante. À savoir : la transformation locale de nos matières premières, nos vivriers et nos plantes médicinales; la Détaxe ou Duty free qui est un système de simplification de nos fiscalités ; la Déréglementation administrative ; et l’appui financier et l’accompagnement des nationaux .Le gouvernement se limite aujourd’hui au premier point en négligeant les autres. Et c’est dommage ! En plus, le gouvernement n’implique pas les organisations comme la nôtre dans la mise en place de ces politiques visant la transformation structurelle de notre économie. Le 4 Novembre dernier le premier ministre a été invité ainsi que d’autres ministres. Mais aucun membre du gouvernement n’a honoré notre invitation. Nous avons une demande d’audience sur la table du premier ministre qui reste sans réaction de sa part. Alors j’ai très peur pour l’avenir des ivoiriens. On endette les ivoiriens à coût de centaines de milliards pour des projets sans impact réel dans leur quotidien. Qu’est ce devenu l’agropole de Yamoussoukro ? Que sont devenus tous les projets de transformation de l’anacarde ? Ce nouveau projet des chaînes de valeurs compétitives pour l’emploi et la transformation en quoi consiste-t-il ? Que doit retenir le planteur quant à l’amélioration de ces conditions de vie ? Nous avons fait des dons de kits scolaires aux enfants des planteurs de Tiassalé l’année dernière au vu de la souffrance et de la misère de nos parents. Nous demandons au premier ministre de nous accorder une audience pour que nous lui livrions notre concept économique pour le bonheur des ivoiriens. Et surtout nous demandons au gouvernement d’impliquer notre organisation dans la mise en place de ces projets.
Pour vous, quel est le danger que court la Côte d’Ivoire, en acceptant ce genre d’ investissement pour la transformation sur place de ses matières premières ?
La Côte d’ivoire et les ivoiriens courent un grand danger en laissant uniquement entre les mains des multinationales étrangères leur révolution industrielle.
Pourquoi courrait -t-elle ce danger ?
Je m’explique. La chaîne des valeurs du cacao, par exemple, représente 60.000 milliards de francs CFA. Dans cet ensemble, les producteurs que nous sommes, ne tirons que 5%, les broyeurs 8%, les transformateurs finis (chocolat et produits cosmétiques) reçoivent 44% et la chaîne de distribution et commercial 43%. Aujourd’hui les multinationales étrangères qui s’installent pour le cacao font essentiellement du broyage. Cela veut dire que les 8% de la chaîne de valeur nous échappe encore car rapatriés par la multinationale. Et donc nos planteurs ne bénéficieront pas de sitôt d’amélioration du prix de leurs produits. Car l’acheteur étranger imposera toujours son prix. En outre, notre économie sera toujours dépendante de l’endettement. Il est urgent que nos autorités politiques tout en recevant les grands groupes étrangers aide les nationaux à la mise en place d’un grand groupe industriel à capitaux ivoiriens pour la transformation locales de nos matières premières. Et que le gouvernement soutient les industriels ivoiriens à tenir la compétition avec les grands groupes étrangers. Sinon aujourd’hui le corpus industriel ivoirien part à la compétition pieds et mains liés.
En quoi se résume donc cette solution miracle du TFA ? On espère qu’on ne dira pas que vous troublez l’ordre public ou que vous incitez le monde paysan à la révolte.
Si parler en faveur des ivoiriens ou demander l’implication des ivoiriens dans leur révolution industrielle en cours c’est troubler l’ordre public, alors que les gens me traitent comme ils veulent. Car tant que les planteurs ne connaîtront pas une amélioration de leur condition de vie ; tant que notre économie ne s’inscrira pas dans la durabilité, je parlerai.
Jusqu’où ira TFA, si la cause ne serait pas entendue ?
Je pense que la cause est déjà entendue, il faut seulement inviter le gouvernement à plus d’effort pour le bonheur des ivoiriens. Nous appelons les ivoiriens au sursaut pour une révolution industrielle durable et profitable à tous en vue d’une prospérité partagée en Côte d’ivoire. Pour finir, j’invite les ivoiriens à nous rejoindre dans cette vision VNC en s’inscrivant massivement dans l’Elan National Citoyen (site web : https://www.elannationalcitoyen.org ) que nous venons de lancer. Merci
Interview réalisée par TFA