2149 Articles 19 Vidéos + 100 000 Visites / Mois Bouaké, Côte d'Ivoire
L’homme devant Dieu se présente comme faible, petit et même néant. La cendre symbolise cela. C’est donc aussi un signe d’humilité, d’abaissement et d’effacement devant la grandeur de Dieu. Selon Malachie les méchants seront réduits en cendre devant Dieu (Ml 3,21).
Dans les premiers siècles pendant la grande persécution des chrétiens, les fidèles qui commettaient l’hérésie ou l’apostasie étaient couverts de cendre et excommuniés publiquement de manière temporaire de la communauté. Au septième siècle, le mercredi des cendres, les pécheurs graves, les hérétiques et apostats étaient publiquement présentés à l’évêque après avoir confessé leurs péchés. Ils reçoivent une imposition des mains et des cendres et sont renvoyés de la communauté comme Adam et Eve qui furent chassés du jardin d’Eden par Dieu.
Durant les quarante jours de carême ils ne vivaient pas en famille et restaient à l’entrée de l’église. On les reconnaissait par leur sac de cendre qu’ils portaient. *Ils ne mangeaient pas de viande, s’abstenaient de relation sexuelle et de boisson*. A partir du dixième siècle, le rite de mercredi des cendres va s’imposer comme une démarche de pénitence, de conversion qui permet de monter vers pâques. Tous les chrétiens étant pécheurs seront invités à entrer dans cette démarche. *La cendre est donc simplement un signe biblique repris par les chrétiens dans l’Église catholique*.
Quel est le sens théologique de la cendre ?
La cendre comme symbolique du péché, de pénitence et de fragilité existe dans la Bible. L’Église catholique n’a donc pas inventé la cendre et ce qu’elle signifie.
Au niveau trinitaire
Se couvrir de la cendre c’est montrer sa fragilité par rapport à Dieu qui est fort et puissant. Le signe de la cendre montre notre petitesse et nos limites devant Dieu le Père qui est grand et souverain.
Le signe de la cendre sur le front qui marque l’entrée en carême, par rapport au Christ mort et ressuscité est le signe du chrétien qui meurt dans le péché espérant revivre grâce à la résurrection du Christ.
Sur le plan ecclésiologique
L’Église est le rassemblement de tous ceux qui ont répondu à l’appel de Dieu. La pénitence fait partie de la vie dans l’Église, c’est pourquoi nous avons le sacrement de réconciliation et à chaque messe nous demandons pardon pour nos péchés.
Par rapport aux autres, la cendre rappelle que nous sommes égaux, nous sommes tous pécheurs, nous avons tous une même origine : la poussière. C’est pourquoi dans l’Église en se regardant avec de la cendre sur chaque front, nous sommes invités tous à vivre dans l’humilité car nous sommes tous des pauvres pécheurs.
Par rapport à soi-même, le signe de la cendre nous permet de reconnaître simplement nos faiblesses, de s’humilier et de tuer notre ego car nous ne sommes que poussière.
En somme la cendre a une signification au niveau vertical et horizontal. Donc le mercredi des cendres est une pratique dans l’Église fondée sur le sens de la cendre dans la Bible. Cela fait partie de la Tradition de l’Église, une Tradition qui existait avant que naissent toutes les autres confessions chrétiennes et autres courants de pensée avec leur relativisme.
Que retenir ?
A partir de l’analyse que nous venons de faire, nous déduisons que la célébration du mercredi des cendres est bibliquement fondée et fait partie de la Tradition de l’Eglise. Par ailleurs, nous ne devons pas nous focaliser sur la réalité de la cendre. Nous n’adorons pas la cendre. Notre foi ne porte pas sur la cendre. Le carême chrétien ne se réduit pas à la cendre. Ce qui est important c’est le sens de la cendre, l’enseignement auquel nous ramène la réalité de la cendre, c’est-à-dire l’humilité devant Dieu, se reconnaître pécheur, limité, fragile, se convertir. La cendre nous ramène à la création de l’homme et à l’avènement du péché, dans les trois premiers chapitres de la genèse.
Quant à la modification du geste de la réception de la cendre par Rome, il faut retenir qu’elle ne change rien dans notre foi. Celui qui reste au stade de la cendre, celui qui focalise son carême sur la cendre tombe dans le fétichisme, dans l’idolâtrie de la cendre. Abandonnons la mentalité de féticheur pour être des chrétiens. Soyons croyants. Le geste de la cendre dans l’Eglise a connu des modifications dans l’histoire. Donc aujourd’hui l’adaptation proposée par l’Eglise entre dans le cadre du dynamisme de l’Eglise dans sa manière d’être dans le monde. L’Eglise n’est pas figée, elle est dynamique, tient compte de la société dans laquelle elle est implantée.
Père Marius Hervé Djadji N’guessan
Prêtre du diocèse de Yopougon