1980 Articles 19 Vidéos + 100 000 Visites / Mois Bouaké, Côte d'Ivoire
Le centre culturel Jacques Aka, autrefois véritable carrefour de la culture dans la région, est tombé en désuétude. La piscine municipale, qui portait les rêves de plusieurs générations, a fermé ses portes malgré des tentatives de réhabilitation en 2020. Aujourd’hui, faute d’un lieu adapté, les grandes manifestations culturelles et concerts se tiennent sur le boulevard du Carnaval, une voie de 1 km qui traverse le quartier Commerce.
Le choix du boulevard du Carnaval pour les concerts et autres événements publics est loin d’être idéal. Situé au cœur d’un quartier stratégique abritant banques, institutions administratives, commerciales et judiciaires, cet espace se transforme à chaque spectacle en un véritable chaos. La circulation est bloquée, les installations sommaires sont souvent inadéquates, et la sécurité des spectateurs, comme des autorités présentes, laisse à désirer.
Les incidents récurrents sur ce boulevard en témoignent. Le 1er janvier 2019, le concert d’Alpha Blondy a été interrompu suite à l’explosion d’un baffle, provoquant des bousculades et des mouvements de panique. Le 1er janvier 2021, la star congolaise Fally Ipupa a également subi la furia de jeunes incontrôlables. Plus récemment, le 1er janvier 2024, l’artiste Himran a vu son concert dégénérer lorsque des gaz lacrymogènes, selon plusieurs témoignages, ont été utilisés pour disperser une foule en colère. La panique qui s’en est suivie a laissé des traces indélébiles.
Ces scènes chaotiques posent une question fondamentale : pourquoi Bouaké, ville culturelle par essence, ne dispose-t-elle pas d’un espace dédié plus spacieux et commodes aux manifestations culturelles et artistiques ?
La tentative de réhabilitation en 2020 de la piscine municipale, rebaptisée du nom d’Amadou Gon Coulibaly, laissait entrevoir un semblant d’espoir. Ce projet, financé à hauteur de 4 milliards de francs CFA, qui promettait un espace multifonctionnel comprenant un amphithéâtre, une salle polyvalente, un restaurant, une boîte de nuit, des terrains de sport et des espaces pour enfants a freiné des quatres fers.
Mais ce projet, aussi ambitieux soit-il, même s'il avait abouti ne saurait à lui seul répondre aux besoins culturels de la ville. Bouaké mérite un véritable palais de la culture, un lieu capable d’accueillir dignement des concerts, des pièces de théâtre, des expositions et d’autres événements artistiques dans des conditions sécurisées et professionnelles. Il est donc temps pour les autorités municipales de Bouaké voire les autorités régionales ou du district de prendre leurs responsabilités. La ville, qui aspire à redevenir un pôle de rayonnement culturel, ne peut plus se contenter de solutions temporaires et inadéquates. La construction d’un palais de la culture est une nécessité.
Au-delà de son rôle de divertissement, un tel édifice serait un levier économique et social, attirant des artistes, des touristes et des investisseurs. Il offrirait aussi une alternative aux événements chaotiques sur le boulevard du Carnaval, qui ternissent l’image de la ville. À l’heure où Bouaké bénéficie d’investissements significatifs pour sa modernisation, il est essentiel que la culture retrouve la place centrale qu’elle mérite. Des experts du domaine comme Simon Pierre Konan dit Simon DEBAMELA , Conseiller Adjoint d'action Culturelle ont effectué des travaux en la matière.'' Croissance démographique et aménagement culturel de la ville de Bouaké '' , la thématique de son mémoire de master 2 soutenu en juin 2024 à l'Institut National Supérieur des Arts et de l'Action Culturelle ( INSAAC) et qui peut être consulté vaut son pesant d'or dans la recherche des solutions aux problematiques de cette situation.Ils peuvent être consultés. Aux élus locaux, nous posons donc la question : à quand la construction d’un palais de la culture à Bouaké ?
Les citoyens de Bouaké, tout comme ses artistes et promoteurs culturels, attendent des réponses concrètes. L’avenir culturel de la ville en dépend.
Allah KOUAME, Journaliste écrivain