Bodokro / Législatives partielles «Combat épique dans le V baoulé entre le PDCI et le RHDP» . Jacques Mangoua- Jules Attimgbré : le duel !

SEKONGO Kassim Jeu 01 Septembre 2022 politique [531 articles] 1175 Vue(s)
Le candidat du Pdci-Rda, Jacques Mangoua, et celui du Rhdp, Jules Attimgbré Kouamé, vont en découdre dans les urnes, ce samedi.
Engagés, respectivement, sous les bannières du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (Pdci-Rda) et du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), Jacques Mangoua et Jules Attimgbré Kouamé, font office de favoris aux législatives partielles à Bodokro. A côté d’eux, figurent trois (3) candidats indépendants issus du Pdci-Rda.

 

Ouverte le samedi 27 août 2022, la campagne pour les législatives partielles dans la circonscription 057, à savoir Bodokro, Marabadiassa, Lolobo et N'guessankro-sous-préfecture, bat son plein. Cinq (5) candidats- trois (3) indépendants, un du Pdci-Rda et un du Rhdp- convoitent le siège resté vacant depuis la disparition du député Sinmlin Kouadio Marcelin. Si Patrice Sahouré, candidat indépendant issu des rangs du Pdci-Rda, dit s’être désisté au profit du candidat officiel de son parti, Jacques Mangoua, Me Maxime Kouakou et l'actuel maire de Bodokro, N'dah Kouakou, également issus du parti septuagénaire, sont décidés à aller au bout de leurs ambitions prétextant vouloir dénoncer une certaine pratique « anti-démocratique » de leur parti originel. Un challenge loin d'être une sinécure face aux deux représentants des partis politiques, qui apparaissent comme les grands favoris de cette joute électorale. De fait, on s'achemine vers un duel épique entre l'ancien maire de Bodokro et actuel conseiller technique à la Primature, Jules Attimgbré Kouamé, et Mangoua Saraka Koffi Jacques, ex-président du conseil régional de Gbêkê. Passage en revue des forces et faiblesses des deux candidats.

Mangoua, le "martyr" et la hantise des indépendants

L'ancien président du conseil régional de Gbêkê a connu des déboires judiciaires avec l’affaire de « détention illégale de munitions de guerre, de machettes et de munitions de calibre 12 ». Vice-président du Pdci-Rda, désigné par son parti pour défendre ses intérêts aux législatives partielles, Jacques Mangoua se présente comme un « martyr », et tente de surfer sur le capital confiance des militants et sympathisants du Pdci-Rda à Bodokro. Il ne manque pas d'exposer aux électeurs l’argument de ses déboires de ces dernières années, qui devraient être appréciés comme une « injustice subie ». « Il y a 3 ans, vous m'avez porté à la tête du conseil régional. Et vous n'étiez pas seuls à le faire. C'était tous les 4 départements de la région (Béoumi, Sakassou, Botro, Bouaké) qui couvrent 22 sous-préfectures pour 860 villages. C'est tous ceux-là qui ont voté pour moi. Et j'ai largement gagné, sans tricherie, avec 20.000 voix de différence. Or, cela n'avait pas plu à certaines personnes. La suite, vous la connaissez. Je veux vous dire que je n'ai pas changé, je reste le même », a prononcé Jacques Mangoua, samedi 27 août, lors du meeting de lancement de sa campagne dans la cour du foyer polyvalent de Bodokro, en présence de plusieurs barons du Pdci-Rda dont l’ex-inspecteur général d’Etat, Emmanuel Niamien N'goran, et le député de Bouaké sous-préfecture, Martin Kouadio.

Si Jacques Mangoua peut miser sur la fibre affective des militants du Pdci-Rda, il reste hanté, en revanche, par le partage des voix avec les candidats indépendants issus du vieux parti. Car, quand bien même il serait rejoint par l'un de ses challengers, l'ancien président du conseil régional de Gbêkê n'est pas sorti de l'auberge. Le désistement de Patrice Sahouré en sa faveur ne saurait être une garantie absolue pour la victoire même si, traditionnellement, Bodokro est un bastion du Pdci. D'où les nombreux appels de Jacques Mangoua à la vigilance. « Un indépendant est semblable à une personne qui n'a ni père ni mère. Si vous lui confiez quelque chose et que plus tard il ne respecte pas sa parole, à qui allez-vous vous adresser ? Il est comme un oiseau volatile. Deux de nos jeunes frères ont décidé d'aller sous l'étiquette « indépendant » à cette élection. Ils y vont parce que se disant frustrés de n’avoir pas été choisis par le parti. Ne les laissez pas vous duper. Ils viendront vers vous se faisant passer pour des candidats du Pdci alors qu'ils ne le sont pas. Le Pdci a des lois qui, lorsqu'elles sont mises en place, doivent être respectées par tous. Si tu ne le fais pas, alors tu subiras la rigueur de cette loi », a déclaré l'ex-baron de la filière café-cacao sous Laurent Gbagbo.

 

Attimgbré Kouamé, être plus qu’un député

C’est, visiblement, un partisan du développement local qui aspire à ce poste de député. Le candidat du Rhdp dit vouloir aller au-delà du simple fait de légiférer à l’Assemblée nationale. « Mes motivations, en dehors de légiférer, c’est d'aider mon peuple au développement, à la paix et à la cohésion. Le développement parce qu’ici, il n'y a aucune route praticable. Le peuple veut le bitumage de l'axe Bodokro-Botro et l'axe Béoumi-Bodokro-Marabadiassa », a fait savoir Jules Attimgbré Kouamé, lors du lancement de sa campagne. Il a ajouté qu’il a déjà fait « venir des machines pour un reprofilage, mais ce n'est pas suffisant, il faut un bitumage ».

Jules Attimgbré Kouamé a aussi un fort intérêt pour l’essor administratif de la région. Au regard de sa démographie, il entend mener le combat pour l’érection de Bodokro en département. « Au plan de l'administration du territoire, explique-t-il, Bodokro est composé de quatre localités à savoir Bodokro - commune, Lolobo-sous-préfecture, N'guessankro et Marabadiassa. Pour une population estimée à 80.000 habitants. Ceci étant, le peuple cherche à avoir son département avec un préfet bien installé ». Selon Jules Attimgbré, ces attentes commandent aux populations de porter leur choix sur le Rhdp, le jour du scrutin. Une fois élu, Jules Attimgbré, qui dit détenir un riche carnet d'adresses, promet des avancées notables pour Bodokro. 

Les ambitions du candidat s’expriment, également, en termes d’insertion de la jeunesse dans le monde de l’emploi. « Au niveau de la jeunesse, nous sommes dépourvus. Les enfants sont au chômage. Il n'y a pas de soutien pour les activités agricoles. Rien de tout ça. A ce niveau aussi, le gouvernement va nous aider à mettre nos enfants au travail, le travail agricole puisque c'est ce qu'ils savent faire ici. C’est ça l'objectif », a détaillé Jules Attimgbré, qui veut « être député pour développer Bodokro c'est-à-dire tout le canton Goly ». 

 

Des cadres en renfort 

 

Le candidat du Rhdp bénéficie du soutien de plusieurs personnalités de son parti qui sont également engagées en faveur du développement dans leurs localités respectives. Il s'agit du ministre de l’Equipement et de l’Entretien routier, Amédé Koffi Kouakou, du député de Diabo-Languibonou, Jacques Assahoré Konan, du directeur de cabinet du vice-président de la République, Ahoutou Koffi Emmanuel. Jules Attimgbré bénéficie également du soutien de certains élus de la région : Yao Kouassi Maurice, Jean Marc Kouassi et Germain N'dri Koffi, respectivement maires de Botro, Béoumi et Tiébissou. Ces élus sont sur le terrain pour lui prêter main forte.

Est-ce que tout ce déploiement de cadres et sa ferme volonté de développer Bodokro suffiront à faire du candidat du Rhdp le prochain député de la circonscription ? Rien n’est moins sûr. 

Jules Attimgbré Kouamé n’ignore, sans doute, pas la force que représente le parti de Henri Konan Bédié dans ce qu’il revendique comme son bastion. Et quand bien même les voix du Pdci-Rda pourraient se disperser du fait de la présence de deux indépendants, la partie est loin d’être gagnée pour le porte-flambeau du Rhdp. Autre point : pour beaucoup, Jules Attimgbré Kouamé, qui avait été maire pendant les années de la crise militaro-politique, n’a pas eu un bilan particulièrement éloquent en matière de développement. Le poste de maire lui avait d’ailleurs été ravi, en 2013, par l’actuel maire N’dah Kouakou. Pour ses adversaires, le discours actuel de Jules Attimgbré sur le « développement » est sujet à caution. 

Entre la reconnaissance à un candidat Pdci-Rda s'estimant « martyr » et l'adhésion au programme d'un candidat Rhdp qui assure aller au-delà des missions classiques du député, le peuple Goly est face à son destin. Rendez-vous au soir du samedi 3 septembre 2022 pour le verdict des urnes.

 

 

Source : L'Inter

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