Bouaké / Grogne suite à la composition de la liste des adjoints du conseil municipal: Pourquoi les militants du RHDP doivent mettre balle à terre

Vainqueur d'une courte tête lors des élections locales, le RHDP ouvre une ère nouvelle dans un Gbêkê dont la conquête s'apparentait, a priori, aux 12 travaux d'Hercule. Tout en  conservant la mairie de Bouaké,  le parti d'Alassane Ouattara a réalisé un basculement historique à Brobo où le conseil municipal restait, jusque-là, une chasse gardée du PDCI-RDA. Aussi, les victoires à Béoumi et Bodokro sont autant de signaux très encourageants sur le chemin de l'implantation. Cerise sur le gâteau, le gain du siège de la région après un règne sans partage du parti doyen. La joie et les célébrations au sortir de ces élections étaient, alors, à la hauteur de cette  performance somme toute honorable. Comme pour dire, "oui, on l'a fait, c'est un supplément d'espoir pour le développement de notre région en attendant le basculement total". Dans cet enthousiasme général, il était difficile d'imaginer la survenue soudaine d'une controverse au sein des militants et militantes. Et pourtant, la composition du conseil municipal de Bouaké allait susciter un débat qui enfle sur la toile et dont le  RHDP se serait bien passé. Ni le contexte ni le timing ne s'y prêtent aucunement. 

Frustrations compréhensibles mais...

Le conseil municipal de Bouaké, conduit par le ministre Amadou Koné, a été installé, le vendredi 29 septembre 2023. Occasion pour les militants et certains riverains de faire connaissance avec les   membres chargés d'impulser une nouvelle dynamique à la cité de la paix: 65 conseillers ( y compris le maire) dont 7 adjoints au maire. Seulement voilà, le casting opéré par le successeur de Youssouf Nicolas Djibo semble ne pas faire l'unanimité. Une partie des militants exprime cette frustration relative à une représentation trop faible,  à leur goût, des cadres Baoulé au sein de l'équipe municipale. Autrement dit, un déséquilibre géopolitique dans la composition de la liste. Morceau choisi: "Il est vrai que Bouaké est une cité cosmopolite où cohabitent plusieurs peuples (le peuple baoulé, malinké et consorts ...). Cependant, sans donner dans le tribalisme, la logique aurait voulu qu'une part belle soit accordée à certains fils Baoulé de Bouaké. Sur sept (7) adjoints au maire, seule une place a été accordée aux cadres Baoulé". Partant du principe que le parti doit s'ouvrir davantage à toutes les sensibilités d'un point de vue sociologique dans la dynamique de son implantation à l'échelle nationale, cette frustration peut se comprendre d'autant plus que la désignation d'un plus grand nombre de cadres autochtones au sens strict du terme pourrait avoir un effet domino, celui d'attirer plusieurs autres  à rallier le parti et partant les populations locales dans leur ensemble. Ce serait un motif d'encouragement, en effet, pour ces pionniers qui ont adhéré aux idéaux du président Alassane Ouattara et qui s'échinent, contre vents et marées, à implanter le RHDP dans une zone aussi hostile que le V Baoulé. Mais de là à se radicaliser au point de fissurer la cohésion du parti, un pas est vite franchi. Car, au-delà du critère ethnique, qui n'est, certes, pas à négliger, le choix des hommes s'opère sous un prisme plus large. C'est, d'ailleurs, ce que soutient cet autre internaute en ces termes : « Il faut comprendre la représentativité selon des notions plus larges. Il faut d'abord prendre en compte des hommes, des femmes, des jeunes de certaines franges de la population, des corporations et ensuite des groupes ethniques ». Telle est l'expression d'une démarche toute aussi inclusive mais qui doit être mieux expliquée aux électeurs pour prévenir des embrayages éventuels comme c'est le cas actuellement à Bouaké. Le RHDP Gbêkê a plus besoin de cohésion que toute autre considération de nature à fragiliser le tissu social. 

Consolider les acquis…

C'est le maire sortant, Nicolas Djibo, directeur de campagne des candidats RHDP à la mairie de Bouaké et à la région du Gbêkê, qui le disait dans un entretien à "Igbêkê le mag" de septembre 2023: "On part favoris mais arrêtons de faire le con et nous allons pouvoir cueillir le fruit de la victoire", avait-il martelé. Le prédécesseur d'Amadou Koné interpellait, ainsi, les militants et militantes sur la nécessité de partir en rangs serrés autour des chevaux désignés du parti pour assurer le succès au soir du 2 septembre. Message reçu 5 sur 5. Car aussi bien à la région qu'à la commune, ses deux poulains ont été  royalement élus. Un positionnement confortable construit dans le socle et qui offre au parti les clés d'un développement substantiel. Ce sont des acquis non négligeables à consolider au cours de la mandature 2023-2028 qui s'annonce comme un tournant décisif. Accompagner les élus dans leur mission de développement des collectivités doubler d'une politique d'implantation à grande échelle. Telle devait être l'attitude des militants. Mieux, privilégier l'intérêt supérieur du parti aux particularismes. Comme on le dit, les hommes passent, le parti demeure. Demain, le casting sera, certainement, plus favorable à celles ou ceux qui se sentent lésés aujourd'hui. Il faudra, alors, que les plus vernis d'hier s'alignent aussi. Mais en attendant, place au travail.

Juger aux résultats…

La cérémonie d'installation du conseil municipal de Bouaké, doublée de la passation de charges entre le maire Nicolas et son successeur (29 septembre) a été l'occasion pour le ministre Amadou  Koné de réaffirmer son engagement à traduire en acte ses promesses de campagne.  " Le capitaine" a,  d'ailleurs, annoncé la couleur.  "Cette élection de ce matin est la preuve qu'après tout, nous démeurons frères, et que nous avons pris conscience de notre responsabilité à bâtir, dans l'union, ce Bouaké qui est attendu des populations", a-t-il assuré. Indiquant, par la suite, que tout sera mis en œuvre pour que la cité de la paix soit prête pour la CAN en 2023. En clair, avec les hommes dont il s'est entouré,  le porteur du projet "Bouaké Nouveau",  est au pied du mur. Il sera jugé aux résultats, comme le disent le sportifs. Lesquels résultats vont, soit le conforter dans ses choix humains, soit légitimer les appréhensions qui s'expriment ça et là. C'est dans quelque cinq petites années seulement. Alors, balle à terre pour préserver l'essentiel, c'est à-dire la marche victorieuse du RHDP dans le Gbêkê. 

Notons que la liste des adjoints de la nouvelle équipe municipale se décline comme suit  : 1er adjoint au maire : Paul Dakuyo, 2 ème adjointe au maire : N'guessan Affoué Jacqueline, 3 ème adjoint au maire : Silué Pégabila, 4 ème adjoint au maire : Diaby Aboubakar, 5 ème adjointe au maire,Ouattara Fanta, 6 ème  adjointe au maire : Fatoumata Traoré épouse Diop, et le 7ème adjoint au maire : Fofana Mélombé. 

M.G/L.K