BOUAKÉ / Infrastructures scolaires : Le Groupe Scolaire Gnankoukro menacé de ruine ! ✓ Enseignants et élèves plus que préoccupés par leur sécurité que les études

SEKONGO Kassim Ven 08 Décembre 2023 societe [460 articles] 977 Vue(s)
Un bâtiment du groupe scolaire Gnankoukro de Bouaké.
Créé en 1984, le groupe scolaire Gnankoukro n’est plus que l’ombre de lui-même. Cette école située à l’ouest de Bouaké, et qui fait partie de l’Inspection de l’Enseignement Primaire de Bouaké-Gonfreville, se trouve dans un piteux état. Immersion dans cet univers de l’apprentissage où enseignants et élèves sont sur le qui-vive.


Des toitures abîmées et décoiffées par endroit qui laissent pénétrer l’eau de part et d’autre, des murs fissurés, des sols crevassés qui guettent le moindre faux pas d’un enseignant ou d’un élève pour soit lui fouler la cheville soit le faire chuter. 


La toiture des bâtiments qui ne tient que grâce à des briques placées çà et là, empêchant le vent de tout décoiffer. Un vent violent, et les murs marqués du poids de la vétusté manquent de s’écrouler. Les salles de classe de fortune transformées en fumoirs de jour comme de nuit. Sans clôture, la cours de l’école traversée dans tous les sens aussi bien par les piétons que les engins motorisés (motos, autos etc.). C’est le triste visage qu’offre l’EPP Gnankoukro A et B. Un spectacle juste incroyable !  


Instituteur ordinaire et directeur de l’EPP Gnankoukro B, Brou Loukou est un témoin quotidien de la dure réalité qui prévaut dans cet établissement en temps de pluie. « Nous vivons, ici, un véritable calvaire. Lorsqu’il pleut, ça coule partout. La quasi-totalité des papiers que nous avons, ici, dans le bureau est mouillée. Et puis, quand il y a des intempéries, c’est tout un calvaire. Quand la pluie ne nous a pas surpris, c’est-à-dire quand nous voyons les nuages se pointer ou le vent souffler, on s’empresse de libérer les enfants pour éviter le pire », fait-il savoir, avant de raconter dans les détails l’une des fréquentes intempéries qui a mis en relief la déliquescence du groupe scolaire. 


Des classes bondées d’eau


« Tout récemment, un lundi matin, il y a eu une forte pluie ; ça été un calvaire pour moi en tant que directeur. C’était le jour le plus dur pour moi en pratiquement 17 ans passés ici. Ce jour-là, j’étais déjà au bureau. Entre 7h55 et 8h, tous les enfants sont rentrés dans les salles. Rien ne présageait en ce moment qu’il allait pleuvoir. Et puis, subitement les nuages se sont pointés, suivies de la pluie. J’étais assis dans mon bureau et de là, je voyais les enfants sous cet amas de briques et autres débris. Durant tout le temps qu’il a plu, j’étais en train de faire ma petite prière : ‘’Dieu pardon, j’ai près de 300 enfants sous ces débris-là’’. Je priais Dieu afin que le vent ne se mêle pas à la situation. Parce que si le vent s’y mêle, ça craint. Finalement, il a plu fortement ce jour-là sans le moindre vent. Après la pluie, je suis allé visiter les salles. Elles étaient toutes bondées d’eau. Alors, j’ai demandé aux enfants de faire évacuer l’eau à l’aide des balais. C’est jusqu’après 10h qu’on a repris les cours ce jour-là », se souvient-il.


Si le groupe scolaire Gnankoukro se trouve dans ce préoccupant état, il y a bien une raison, croit savoir Monsieur Brou Loukou. Cette situation déplorable est, selon lui, imputable en partie à la crise militaro-politique qui a secoué le pays entier et Bouaké particulièrement en 2002. C’est en ce moment, dit-il, que les tables bancs, les piliers métalliques soutenant les toitures et la plupart des bâtiments ont été saccagés. Malheureusement, toutes les initiatives de réhabilitation sont sans issue favorable. « Les structures et les ONG se bousculent à la porte de l’école chaque année pour tenter de remettre sur pied les infrastructures. Mais, après les visites techniques, aucunes d’entre elles ne reviennent pour démarrer effectivement les travaux », se désole l’enseignant. Renseignements pris, ces entités évoquent l’envergure des travaux à effectuer pour redonner au groupe scolaire Gnankoukro son lustre d’antan. 


Tête de liste des établissements en mauvais état


Malgré le désespoir né des mésaventures avec toutes ces organisations annoncées pour la réhabilitation les écoles de Gnankoukro, Brou Loukou Jules, à l’instar des autres enseignants, garde toujours espoir pour la renaissance de leur école qui compte environ 600 élèves y compris ceux de la maternelle dont toutes les sections sont regroupées dans une même salle de classe. « Chaque année, on nous appelle depuis Abidjan, pour dire qu’il y a telle structure, telle ONG qui vient dans l’IEP Bouaké-Gonfreville pour réhabiliter des groupes scolaires. Le groupe scolaire Gnankoukro est en tête de liste des établissements en mauvais état. Mais, à plusieurs reprises, quand ces structures arrivent, elles reculent devant l’ampleur des travaux. Elles s’orientent vers les écoles dont la réhabilitation semble moins contraignante. J’espère vraiment que d’ici mon départ de cette école, elle sera réhabilitée afin qu’on ait un cadre d’études agréable et propice », plaide ce directeur plein d’amertume.


Les enfants de Gnankoukro n'ont qu'une seule obsession : apprendre tout en étant rassurés d'être en sécurité. Pour cela, leurs regards sont tournés vers les nouvelles autorités municipales et régionales ainsi que l'ensemble des cadres de la région pour aider le groupe scolaire à sortir de sa léthargie.



K SEKONGO

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