1971 Articles 19 Vidéos + 100 000 Visites / Mois Bouaké, Côte d'Ivoire
Il est 07 heures , ce jeudi 22 Juillet 2021, la gare routière non loin du marché central de Bouaké grouille de son monde habituel. Les populations vaquent à leurs occupations quotidiennes .Les commerçants quant à eux font leur descente des véhicules de transport communément appelés " Lôgôdougou" ,en provenance des zones rurales pour approvisionner les marchés urbains en vivres et autres biens de consommation.
Lamine Bintou, commerçante grossiste de vivriers fait partie de ces braves femmes qui ravitaillent ces marchés de ces produits. Sans faux fuyant ,elle note avec désolation le prix des denrées alimentaires dans les zones rurales dites d’approvisionnement. << l'igname Assawa qui était à 300 francs/kg l'an dernier est passée à 500 francs/kg. L'igname kponan passe 450 à 650 francs/kg. La tomate 800-900/kg. Pour le piment et l'aubergine, on ne peut pas acheter pour venir revendre tellement c'est Cher. Pour l'avocat, on nous vend 04 gros avocat à 2000 francs, combien allons nous les vendre pour récupérer notre argent et avoir des bénéfices ? Si les produits sont chèrs, c'est parce que tout est cher partout >> fait –t-elle remarquer . Si les commerçantes de gros se plaignent des prix élevés des vivriers sur le terrain , revendeurs et clients, consommateurs cibles eux ne sont pas en reste. K .Karim, père de famille et coiffeur de profession ne fait pas l'exception .Ce père de famille dit avoir lui-même fait les frais de cette hausse des prix des denrées alimenatires lorsqu’à la veille de la fête de tabaski , il s'est rendu au marché en compagnie de sa femme pour des provisions. << d'ici deux jour de plus, on ne vas plus pouvoir payer quelques choses sur le marché. Le lundi 19 juillet 2021 , j'étais au marché avec ma femme et j’ai moi-même fait le constat de ce que tout a augmenté. Ma femme voulait acheter aubergine. C'était placé 4 à 200fcfa la tubercule de la banane plantain est fixée 3 à 500 F. J’ai même voulu m’ acheter une chaussure ‘’ laikai’’ pour faire souvent le sport.Tenez vous bien cette chaussure qui coutait aupravant 1000f est passée subitement à 1500f ... Vraiment si cela ne change pas je crois que plus personne ne pourra aller au marché pour nourrir sa petite famille >> a regretté Karim .
Meme son de cloche pour Valian Adama ,jeune étudiant vendeur de garba ( Attiéké au poisson thon fri) au quartier Zone. ‘’Si rien n'est fait tout sera difficile pour nous. Voyez-vous même, le poisson thon qu'on prenait le kilo à 1000f on nous dit maintenant que c'est 1200 voire 1250f. On va où ? Si je prenais attiéké 2000 mon assiette la se remplissait mais si tu prends pour la même somme aujourd’hui elles vont te servir on dirait que tu avais demandé pour 1000 ou 1500 F. Et elles nous font croire que c'est le manioc qui est devenu cher ." a-t-il souligné. Poursuivant ,l’étudiant vendeur de garba fait savoir que le litre d'huile a également connu une hausse.’’L’huile qu'on servait autrefois entre 850 F et 900 F est passé subitement à 1100F , sinon 1200 F le litre , et cela le prix du litre varie en fonction des magasins" soutient –t-il. Les légumes qui servent de condiments à son activité ne sont pas épargnés. ‘’ L'oignon, le piment tout a changé de prix au kg. " a terminé Valian Adama.
Toujours au quartier zone, nous mettons cette fois ci le cap sur des boutiques et magasins . Même constat . << Le riz appelé rizière est à 600 fr le kg et 3500 frs le sac de 5 kg. Le riz communément riz-cassé qui etait à 400 francs/kg est passé à 450 voire 500 francs/kg. Pour l'huile le ¼ est à 275 ou 300 francs soit 1100 ou 1200 francs le litre >> fait savoir Diawara tenancier de magasin au petit marché de Hippodrome . Chez Aziz , un commercant mauritanien c'est pratiquement le même constat ."Le riz local qui était à 16 000f en janvier est passé à 19 000 F, le riz importé difficile même d'avoir un sac de 15.000 F. Les prix varient de 16000 à 21000 F. Le bidon d'huile de 25 litres " c'est le pire" à t-il dit. À un moment on le vendait ici à 17000 mais si tu ne décaisses pas au moins 24 000 tu ne peux pas l'avoir. A cette allure que feront donc les détaillants ? s’est-il interrogé ?
Tout comme chez Aziz et Diawara, chez le boucher Hamed dit " le Gros" les prix au kg de la viande ne sont plus les mêmes. La viande de bœuf avec os est à 2700/kg et la viande sans os est à 2900 voire 3000/kg.
Notre enquête nous a conduit vers une usine d'attiéké .A la question de savoir le prix du chargement d'un tricycle de manioc, nous avions buté sur une fin de non recevoir .En effet , les femmes exercant dans ce domaine d’activité ont refusé de nous donner plus de détails. Toutefois, elles ont signifié une hausse exponentielle du prix du manioc . << C'est le manque de pluies et les moyens de transport du manioc qui rendent l'attiéké un peu cher sur le marché >> ont t-elles scandé en choeur.
Les loyers aussi …
Lorsque la question de cherté de la vie est abordée , l'on est en droit de s’interroger si tous les compartiments de la vie socio-économiques sont touchés par ce phénomène. Pour en avoir une idée nette, notre équipe de reportage s'est penchée sur le cas de la flambée du cout des loyers. Ici encore ,la montée des prix des loyers est flagrante. Louer une maison de 10.000 ou 15 000 F le mois est quasi impossible de nos jours. Les étudiants eux en sont les premières victimes . Ajouter à cela ,la règle du 2 ; 2 ;1 entendez par là 2 mois de caution 2 mois d'avance et 1 mois d'agence condition d’acquisition d’une maison à louer. "C'est celle-là même qui rend la chose difficile. Imaginons si le smig en Côte d’Ivoire est fixé à 60.000f et que tu dois payer une chambre salon ou 2 chambres salon au minimum à 30000 ou 40.000. C'est déjà compliqué pour le restant du mois." s'est plaint l’étudiant Tuo Souleymane. Interrogé sur la question, Brou Michael, agent immobilier dans un cabinet au quartier commerce de préciser "Il est vrai que ces derniers temps le prix des loyers a flambé. Mais il faut reconnaître que c'est parce que la demande est plus forte que l'offre. Compte tenu de la crise, les gens avaient peur de venir s'installer à Bouaké. Mais maintenant où tout revient à la normale, les gens viennent plus et plus encore. Que voulez-vous que les propriétaires de maisons fassent? Ils voient devant eux des occasions toutes trouvées pour rattraper leurs investissements donc ils sont libres d'augmenter. Ils savent très bien que si tu ne prends pas, quelqu'un d'autre la prendra" a justifié l'agent immobilier.
Kassim SEKONGO
Coll : Julien KOUADIO ; Andy KONE