Côte d'Ivoire : Depuis Bouaké, un enseignant-chercheur prévient : « La guerre contre le terrorisme ne se gagnera pas uniquement par la voie militaire »

SEKONGO Kassim Mar 29 Octobre 2024 actualite [404 articles] 1911 Vue(s)
Docteur Traoré Siaka tenant le micro lors de sa conférence sur le thème, « Transfert de l'état-major des troupes coloniales de Grand-Lahou à Abidjan : Coût et enjeux stratégiques (1906-1910) ».
Le département d'histoire de l'université Alassane Ouattarra de Bouaké a organisé, le vendredi 25 octobre 2024, la première session d'un cycle de conférences mensuelles consacré à la question sécuritaire en Côte d'Ivoire pré-coloniale. Cette session a été animée par deux éminents enseignants-chercheurs de la faculté : le docteur Yalamoussa Coulibaly, qui a développé le thème « Culture militaire et stratèges chez les Sénoufos de Côte d’Ivoire (1745-1894) », et le docteur Siaka Traoré, qui a présenté le sujet « Transfert de l'état-major des troupes coloniales de Grand-Lahou à Abidjan : Coût et enjeux stratégiques (1906-1910) ». L'objectif de cette initiative était d'animer scientifiquement le département d'histoire et de susciter le débat entre historiens et chercheurs d'autres disciplines.


Dr Yalamoussa Coulibaly à droite 

Lors de la première conférence, le docteur Yalamoussa Coulibaly a mis en lumière l'art militaire chez les Sénoufos, un peuple du nord de la Côte d'Ivoire. Selon lui, ce groupe, souvent considéré comme pacifiste et peu armé, a surpris en 1894 les troupes de Samori Touré, qui ont échoué devant un détachement de cette armée à Sordi. Cet épisode historique souligne la capacité d'adaptation et la force militaire inattendue des Sénoufo, depuis l'expulsion des guerriers sénoufo de Kong par Mori Maghari à la mort de Sékou Ouattara en 1745.


Dans la seconde conférence, le docteur Siaka Traoré a abordé les défis sécuritaires liés au terrorisme auxquels font face plusieurs pays africains, notamment ceux d'Afrique de l'Ouest, tels que le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Nigeria et le Tchad. Il a évoqué le cas de la Côte d'Ivoire dans sa lutte contre le terrorisme, en référence à l'attentat de Grand-Bassam, survenu le 13 mars 2016, qui a fait 19 victimes, dont 16 civils et 3 militaires. Pour lui, la réponse ivoirienne à cette menace devrait servir d'exemple pour les autres pays confrontés au terrorisme depuis plus d'une décennie.


« La plus grande forme de menace de sécurité aujourd'hui pour les pays, et pas seulement les pays de l'AOF, ce sont les questions de terrorisme. Nous voyons aujourd'hui comment est-ce que les pays de l'hinterland, qui sont le Mali et le Burkina, sont instables. Il est essentiel de se tourner vers le modèle ivoirien », a-t-il proposé.


Poursuivant son propos, Traoré Siaka a souligné les mesures mises en place pour protéger la Côte d'Ivoire de ces conflits de valeurs et d'intérêts. « Quand il y a eu une tentative d'installation de groupes terroristes dans la partie centrale de la Côte d'Ivoire, vous avez vu l'empressement avec lequel les autorités ont déployé tout un moyen pour pouvoir former des murs entre la jeunesse et les recruteurs terroristes. Parce que les jeunes qui sont désœuvrés, ce sont des proies pour les recruteurs du terrorisme. Donc, les réactions des autorités ivoiriennes dans le nord de la Côte d'Ivoire sont à saluer. Parce qu'elle a permis aux jeunes de se détourner des aventuriers terroristes. Elle a permis aux jeunes aussi une forme d'autonomie, de prise en charge.»


Pour finir, docteur Traoré Siaka a affirmé que « la lutte contre le terrorisme n'est pas seulement au plan militaire, il y a aussi un boulot social, un boulot humanitaire qu'il faut prendre en compte », soulignant l'importance d'une approche holistique face à cette problématique.



Ismaël COULIBALY avec K.S

A lire aussi

Veuillez laisser un commentaire