Pères, fils, filles et cadres de la région du gbêkê ont démissionné
''Qui se respecte soi-même, impose à autrui de le respecter''' , cette assertion tirée du lexique proverbial Akan vaut son pesant d'or dans les rituels funéraires de nos sociétés africaines. ''Le N'ziè'' ou les dons volontaires pour soutenir la famille éplorée dans l'organisation des obsèques en pays baoulé a pris des relents deviationnistes dans nos villages et hammeaux. La première observation est que ces rites funéraires qui ne demandaient pas forcément suffisamment d'argent ne suscitent pas d'engouement pour les fils du terroir eux-mêmes. D'où le désintérêt des populations en général qui optent pour des obsèques moins traditionnelles et donc plus favorables à la mobilisation de moyens financiers.
Tout porte à croire que ,la responsabilité de certains, pères, fils et filles ,cadres locaux dans l'organisation des obsèques de leurs défunts parents a foutu le camp .Au lieu de compter sur leurs propres forces et ressources ,on préfère attendre la providence .L'on est toujours disposer à tendre la main ,à solliciter l'aide de bonnes volontés , notamment celles des personnalités pour espérer organiser des obsèques grandioses de celui qu'on prétend avoir aimé de son vivant.
De la compassion à la récupération politique...
Dès lors, la porte est ouverte pour les opportunistes. Notamment les personnalités politiques qui surfent sur l'occasion pour faire de la récupération politicienne. Dans un style de ''boucantier'' des temps modernes, certaines personnalités politiques, par le pouvoir de l'argent y trouvent l'occasion à fouler au pied l'ordre protocolaire préalablement établi pour imposer leur diktat. Toujours prompt , en complicité avec certains fils abreuvés aux mamelles des us et coutumes ,qui les soutiennent dans de telles dérives. Ils se posent en porte -parole par circonstance à accompagner ces personnalités à faire des dons qu'on pourrait qualifier de ''propagandistes''. Au delà d'un simple don de compassion, on va jusqu'à heurter la sensibilité des familles éplorées.Leurs dons faits sur la place publique touchent beaucoup plus le sacré alors qu'ils devraient plutôt paraitre comme un besoin élémentaire pour la famille éplorée parce que relèvant d'un simple devoir dans la dynamique du respect de l'intimité. '' Yako à tous ! ( ndlr : pour exprimer la compassion) ....Mr X ou Mr Y a pris en charge les frais de conservation et de transfert de la dépouille. Il a même pris en charge l'achat du cercueil et contribuer à la confection de la sépulture '' ,des annonces anodines qui frisent amèrement le mépris pour la mémoire du défunt quelque soit son rang social . Une insulte à la conscience de ces peuples ainsi qu'aux valeurs qu'ils incarnent. Du sacrilège au déshonneur , une telle attitude ne saurait être acceptée par aucune famille même celle la plus déshéritée du village. Ce serait livrer à la vindicte aussi bien la famille que la dépouille qui souhaite pourtant un repos en paix.Dans nos sociétés africaines en général et Akan en particulier, le respect des morts est une vertu qui demande aux vivants d'adopter une posture de sagesse dans les rituels .Et cette sagesse devrait pouvoir se conformer aux règles protocolaires pré-établies. Et lorsque plus averti dans la connaissance des us et coutumes tente de ramener les uns et les autres sur le bon chemin, celà est vite interprété comme de la politique pour discréditer ou pour étouffer la valeur d'un geste de solidarité. Et ce qui est déplorable, c'est que nos têtes couronnées sont à la base de ces déviations. Il est temps de revenir à nos valeurs ancestrales devant lesquelles aucun homme, fut-il puissant ne puisse s'en dérober.
Tout est vanité !
A force de cupidité, on a fini par mépriser les moindres détails, qui nous élèvent au milieu des hommes ; la discrétion, l'altruisme, mais aussi la simplicité et le respect des règles qui régissent notre société. Cela va de soi, que le manque d'élégance dans nos agissements nous éclabousse et donne une autre coloration à nos actes! Nous faisons cette analyse parce que cette façon propagandiste de communiquer sur des soutiens aux familles endeuillées ne cadre pas avec la tradition Akan . Que ce soit à Beoumi, à Sakassou, à Bouaké ou à Botro,les faits deviiennent récurrents. Surtout lorsqu'il s'agit des obsèques de NOBLES . Comment peut on se comporter de la sorte à des funérailles pourtant censées être un moment de recueillement ? ... Oh honte ! Avec de telles postures , les défunts devraient certainement se retourner dans leurs tombes.. Mais ces fanfarons ont-ils encore un peu de dignité ? Vraiment... Et pourtant, tout est vanité.
Simon DEBAMELA