1933 Articles 19 Vidéos + 100 000 Visites / Mois Bouaké, Côte d'Ivoire
La filière française plaît, visiblement, à Idriss Diallo et le Comité exécutif de la FIF. Après Jean-Louis Gasset, bombardé sélectionneur des Éléphants, c'est au tour de son compatriote Ludovic Batelli d'occuper le perchoir de la Direction technique nationale. Selon la page Facebook de la FIF, le technicien Français est arrivé à Abidjan dans la soirée du mercredi 31 août et devrait prendre fonction dans les jours qui viennent. Après donc Jean-Marc Nobilo et Pascal Leufleuriel, qui ont mené la barque lors de la décennie 2010-2020, retour à l'école française. Et exit l'expertise locale, incarnée dernièrement par Koné Tiègbè.
Un choix qui suscite de la part de certains observateurs étonnement et frustration. "A moins qu’on nous dise que tous ceux d’entre eux qui auraient été contactés ont comme par hasard refusé le poste, le constat est que du point de vue du président de la FIF, Yacine Idriss Diallo. et de son comité exécutif, les entraîneurs ivoiriens ont échoué dans cette tâche", a raisonné le journaliste consultant Magloire Diop. Avant de poursuivre. "Pis, pour le Comex de la FIF, aucun technicien ivoirien n’a les qualifications requises, encore moins les compétences, pour implémenter son programme de développement du football. Pour le président Idriss Diallo et son équipe, aucun d’entre eux n’est donc à la hauteur de la fonction." Vu sous cet angle, il rejoint le point de vue de Tchétché Aimé, ex-footballeur international Ivoirien.
L'on se rappelle que l'amicale des entraîneurs, présidée alors par Kaé Oulai, avait pris fait et cause pour la liste Idriss Diallo à l'occasion des élections à la FIF. La conséquence de ce choix aurait été, selon une partie de l'opinion, la promotion des cadres techniques ivoiriens. Et qui dit promotion, dit Direction technique nationale. Seulement voilà, le premier casting d'Idriss Diallo au poste de DTN est en faveur d'un expatrié. De l'avis de Freddy Aka, ces derniers sont tout autant responsables de ce choix. "L'association des entraîneurs de Côte d'Ivoire a choisi de soutenir le comité exécutif en place, celui-ci décide de prendre un expatrié pour la DTN et vous me demandez ma position sur la question. Cet expatrié est aussi leur choix voici ma réponse", a analysé le confrère.
Et pourtant, des entraîneurs Interrogés sur le sujet, prennent plutôt le contre pied du choix opéré par YID et sa team. S'exprimant sous le sceau de l'anonymat, ce technicien officiant en Ligue1 marque clairement son désaccord. "On aurait voulu un national à la tête de la DTN. On ne va pas cantonner les entraîneurs Ivoiriens aux petits postes de sélectionneur des équipes de jeunes. Il nous faut des cadres aux postes de décisions pour imprimer la culture locale à notre football", plaide-t-il. Un autre enfonce le clou, soutenant que des cadres locaux peuvent bien servir valablement à ce poste. A titre d'exemples, il a cité les noms de Kaé Oulaï et d'Alain Gouaméné qui, selon lui, s'est fait entourer de compétences avérées.
Konan Laurent Kouakou, président de l'Amicale des clubs amateurs, prend, pour sa part, la situation sous un autre angle. Il compare la nomination de Ludovic Bartelli à "de la poudre aux yeux". Car, pour lui, "le mal est ailleurs". "La solution pour notre football, ce n'est pas de ressusciter ERNST-HAPPEL, JOHAN CRUYFF... ou de nommer un extra terrestre à la Direction Technique Nationale. Le souci, pour le football local, c'est comment sortir du cycle infernal de l'absence de financement pour le développement du sport roi ivoirien", interpelle le président de Kimi FC de Mbahiakro.
Mais qui est Ludovic Batelli, ce nouveau sorcier blanc, appelé à conduire la politique de développement du football de base et la formation des cadres ? Ancien gardien de but français, passé par l'US Valenciennes et le FC Lorient, entre autres, il a embrassé la carrière d'entraîneur à la fin des années 1980. Il est surtout connu pour avoir encadré les sélections de jeunes en France et remporté l'Euro des u-19, les sélections Espoirs et A' de l'Algérie. C'est fort de ce pedigree et un dernier passage sur le banc du SC Toulon lors de la saison 2021-2022 que le Français de 59 ans débarque à la DTN ivoirienne. Une carte de visite qui, au dire d'Eric Babou, confère au technicien le profil de l'emploi. Selon l'ancien attaquant stadiste et oyé, " la nomination au poste de DTN de notre pays doit répondre à des critères de compétences avérées, de vécu visible, de résultats probants dans le parcours et surtout d'une expertise avérée". Aussi, met-il quiquonque au défi de lui donner " le nom d'un national qui répond à tous critères en l'état de notre football". En un mot "Le background de ce messieurs et l'expertise française dans ce domaine, plaident en sa faveur", tranche le consultant de la Ligue1 ivoirienne sur les antennes de Canal+.
Mais alors que sa nomination suscite des controverses, c'est à l'épreuve du terrain et au résultat que Ludovic Batelli confortera ou pas le président Idriss Diallo dans son choix. Une chose est sûre, le successeur de Koné Tiègbè n'arrive pas en terrain conquis.
MARIUS DE GNALEY